Si les Grecs eurent une seule sagesse, ce fut celle de ne rien entendre aux sirnes du proslytisme. C'est la grandeur de ce qui sera plus tard appel, sans trop le comprendre, "paganisme" . Les Grecs ont toujours une leon d'actualit transmettre. Le message fut donn une humanit qui s'effrayait de sa condition : l'inconnaissance. La logique du syllogisme commence alors fonctionner : pour qu'il y ait inconnaissance, il faut des matres pour ne pas divulguer un enseignement. Et si ces matres sont des dieux alors la boucle se contracte en une sorte de croyance. Ce dictionnaire propose un dpassement du cadre "religion grecque" pour s'ouvrir sur les notions que les Hellnes ont chafaudes dans leur relation incertaine au sacr. En s'intressant au "paganisme" , il prend autant acte de l'absence du mot "religion" dans le vocabulaire grec classique que de la seule certitude des Grecs : l'inconnaissance des mortels. Le paganisme grec est au croisement de deux attitudes complmentaires : l'une mentale, l'autre gestuelle. Les Anciens avaient la certitude d'tre plongs dans l'inconnaissance du sacr : pas de Rvlation, pas de credo (selon nos critres monothistes). Et pourtant, les dieux semblent tre une vidence pour eux. Alors, ils mnageront leur inconnaissance en une double administration solidement ferme : celle du sacr absolument insparable de celle de la cit. Chaque article de ce dictionnaire, prfac par Jean-Franois Matti, ouvre sur la double question de savoir en quel sens on peut parler d'une religion grecque et comment nos anciens Hellnes eurent ce que nous appelons des croyances. Docteur en philosophie (Paris IV-Sorbonne), conseiller scientifique des volumes III et IV de l'Encyclopdie philosophique universelle, Reynal Sorel est l'auteur d'ouvrages sur la pense grecque dont, aux Belles Lettres, Chaos et ternit. Mythologie et philosophie grecques de l'Origine (2006). |