On attend des sciences sociales qu'elles nous aident comprendre la marche du monde. Or elles en semblent toujours plus incapables. Non seulement elles apparaissent le plus souvent en retard sur l'vnement mais, noyes dans l'hyper spcialisation, perdues dans la guerre entre disciplines, elles voient toujours mieux certains dtails mais de moins en moins bien l'ensemble. A ct des spcialistes, il est urgent de former des gnralistes qui sachent faire dialoguer les diffrents champs de la science sociale. Parler de la science sociale, voquer son unit, au moins titre d'idal rgulateur, peut sembler un combat perdu d'avance, tant elle est fragmente. Mais il existe dj une certaine forme de science sociale gnraliste, qui n'est autre que la science conomique gnralise, inspire par la thorie des choix rationnels, sous toutes ses formes, et par l'utilitarisme et ses drivs (cognitivistes, constructivistes, etc.) C'est cette science sociale gnrale qui modle la conception du monde dominante, hgmonique mme l'chelle plantaire, et qui inspire et lgitime les politiques menes dans tous les pays. Avec des rsultats discutables, tant aux plans thorique, qu'thique ou politique. Il nous faut donc retrouver l'idal et la ralit d'une science sociale gnraliste (qu'a pu en son temps incarner la sociologie classique) mais la faire reposer sur d'autres fondements que l'utilitarisme. Par ailleurs, la globalisation du monde modifie en permanence l'chelle et la dfinition mme des socits. Symtriquement, la globalisation des sciences sociales et la contestation de l'hgmonie conceptuelle occidentale imposent elles aussi de repenser le pass de nos disciplines pour les projeter vers l'avenir. C'est dans cette perspective que se sont runis Cerisy-la-Salle, en 2015, une quarantaine de chercheurs de renomme internationale, anthropologues, conomistes, gographes, historiens, philosophes et sociologues. L'accord qu'ils ont su trouver est prometteur. |