Anna Tsing parcourt les forts tropicales indonsiennes ravages par le capitalisme. L'affrontement suppose des alliances tonnantes entre indignes habitant les forts, ONG internationales et tudiants dfenseurs de l'environnement. Ne nous laissons pas intimider par l'ide d'une globalisation invincible. C'est la friction avec une surface qui fait qu'une roue tourne ; envoye en l'air, elle ne va nulle part. La friction de deux morceaux de bois produit de la chaleur et de la lumire ; un morceau de bois seul n'est qu'un morceau de bois. Sans friction, pas de mouvement, pas d'action, pas d'effet. Mettant en cause l'ide qui veut que la globalisation signifie le choc des cultures, l'anthropologue Anna Tsing fait de la friction une mtaphore des multiples imbroglios socio-pistmiques qui font voyager partout dans le monde ce quoi nous attribuons le pouvoir de globaliser ce monde. Tsing a parcouru les forts tropicales indonsiennes o le capitalisme a redessin les paysages en les transformant en zones-frontires o entrepreneurs lgaux et illgaux s'emparent des terres des peuples indignes, exploitant et dtruisant sans vergogne toutes les ressources. En raction, des mouvements environnementalistes ont pris la dfense des forts et des populations qui y vivent. L'affrontement mobilise des scientifiques, des oprateurs de la finance internationale, des idaux d'mancipation ou de dfense de la nature, comme aussi de prosprit par le dveloppement. Mais cet affrontement ne traduit pas le heurt local d'enjeux valables partout. Ce qui anime les pargnants canadiens, les investisseurs des pays dits dvelopps, les industries prdatrices, les experts des agences internationales, les anciens des villages de Borno, les tudiants de Djakarta amoureux de la nature, n'est ni local ni global mais toujours pris dans des reprises locales particulires de ce qui se prsente comme cause globalement reconnue. Mme ceux qui font alliance pour dfendre la gestion communautaire des forts le font pour des raisons diffrentes, souvent sur la base de malentendus. Mais ces malentendus sont justement parfois ce qui permet de gagner. Plutt que de se laisser fasciner par le spectre d'une globalisation invincible, Anna Tsing appelle une attention pragmatique des collaborations engages, situes, qui tirent leur force de rfrences globales tout en les particularisant. Anna Tsing renouvelle les mthodes de l'ethnographie. Elle multiplie les modes d'approches qui permettent de saisir le rle, fructueux ou dsastreux, des diffrences culturelles dans le processus mme de ce que l'on appelle trop facilement la globalisation. Elle nous offre un rcit politique, ethnographique et potique bouleversant. |