Dans la mythologie grco-latine comme dans la tradition judo-chrtienne, les hommes ont subi des bouleversements qui les ont dpasss et dont les villes ont souvent constitu le thtre, de l'Atlantide Troie, de Sodome et Gomorrhe jusqu'au monde dvast par les cavaliers de l'Apocalypse. C'est que l'histoire de nos villes est jalonne d'vnements traumatiques et de destructions, qu'il s'agisse de dsastres naturels comme les tremblements de terre, les inondations, les ruptions volcaniques, ou bien de dvastations causes par l'homme, tels les guerres et les incendies. Ainsi les villes sont-elles le plus souvent des palimpsestes btis sur les ruines de mondes rvolus. Selon les cas, les fragments, dbris et dcombres subsistants sont valoriss ou relgus, exalts ou dlaisss, remploys ou oublis ; pour autant, ils ne cessent de marquer la culture matrielle et immatrielle, de susciter rveries et fantasmes. On ne saurait donc s'tonner de la place que l'histoire de l'art occidental a accorde aux reprsentations des catastrophes, o les villes constituent bien souvent l'une des scnes privilgies de la manifestation du dsastre. Lieu de l'activit opinitre de l'homme, qui y inscrit ses efforts pour s'lever, elle est en mme temps le tmoignage tangible de sa fragilit face aux forces de la nature. Dans ce lieu de vie, soumis priodiquement aux dsastres, les peurs et les menaces frappent l'imaginaire et suscitent la cration artistique. S'explique ainsi la force mtaphorique des images de villes dtruites : jusqu' la fin du XVIIIe sicle, les reprsentations des catastrophes ne sont presque jamais exclusivement documentaires, quand bien mme elles se rfrent des vnements historiques concrets. Pour leurs auteurs, il ne s'agissait pas tant (ou seulement) de dcrire une destruction que de l'interprter, de l'inscrire dans un faisceau d'explications capable de donner un sens l'vnement, de le rendre intelligible et par l acceptable, en justifiant les reconstructions successives. Ce livre propose une srie de contributions qui s'inscrivent dans le temps long de la culture occidentale - de l'Antiquit au XXe sicle - tout en portant le regard sur d'autres civilisations, notamment vers les cultures chinoises et indiennes. A travers ces apports spcifiques, trois questions complmentaires et convergentes orientent la rflexion. Quelle est la gnalogie culturelle de ces significations mtaphoriques, quels en sont les implications et les champs d'utilisation ? Est-il possible de trouver dans d'autres cultures, indpendantes des cultures d'origine europenne, un rle comparable des ruines dans des contextes reprsentatifs ou symboliques ? Enfin, dans un monde comme le ntre, caractris par l'volution rapide de contacts de plus en plus intenses entre les cultures, la reprsentation et la mtaphorisation des ruines ont-elles gard leur fonction ? - Issu d'un colloque organis par l'Auditorium du Louvre les 18 et 19 octobre 2013 dans le cadre du programme de recherches Catastrophe : histoire, mythes, images, ce livre propose une srie de contributions qui s'inscrivent dans le temps long de la culture occidentale - de l'Antiquit au XXe sicle - tout en portant le regard sur d'autres civilisations, notamment vers les cultures chinoises et indiennes. L'histoire de nos villes est jalonne d'vnements traumatiques et de destructions. Les fragments, dbris et dcombres subsistants ne cessent de marquer la culture matrielle et immatrielle, de susciter rveries et fantasmes. Ainsi s'explique la place que l'histoire de l'art occidental a accorde aux reprsentations des catastrophes, dont les villes sont bien souvent le thtre. Quelle est la gnalogie culturelle de ces significations mtaphoriques, quels en sont les implications et les champs d'utilisation ? Est-il possible de trouver dans d'autres cultures un rle comparable des ruines dans des contextes reprsentatifs ou symboliques ? La reprsentation et la mtaphorisation des ruines ont-elles gard leur fonction aujourd'hui ? Au printemps 2016, le muse du Louvre consacre une exposition au peintre Hubert Robert, surnomm Robert des ruines. |