Deux mois aprs la fin de la guerre anglo-amricaine en Irak, la Tunisienne Sihem Bensedrine est revenue Bagdad, pour retrouver Nacra, une amie ingnieur dont elle avait fait la connaissance douze ans plus tt. Une femme courageuse, qui lui avait fait dcouvrir alors la frocit de la dictature de Saddam Hussein. Mais dans l'Irak " libr ", Sihem n'a pas retrouv Nacra. Bouleverse par ce qu'elle a vu, elle a dcid de lui crire. Elle dit ici le choc qu'elle a prouv en dcouvrant une socit dtruite en profondeur par vingt-quatre annes de terreur quotidienne. Il n'y a plus de femmes dans les rues, des bandes d'enfants abandonns errent en qute de quelques dollars pour acheter des produits sniffer. Les rues sont livres aux immondices, Bagdad au chaos. " Ce n'est pas notre job ", expliquent les nouveaux matres du pays. La confrontation avec Bagdad est douloureuse, car c'est aussi avec elle-mme que Sihem Bensedrine a rendez-vous dans sa qute de Nacra. Dcouvrant les fosses communes et les salles de torture surquipes, elle mesure le sens de cette dbcle pour les socits arabes qui ont si longtemps ferm les yeux, au nom du projet mythique de Saddam de " renaissance pour le monde arabe ". Cette Bagdad dvaste ne reprsente-t-elle pas le futur de ces socits, qui, de la Tunisie la Syrie, sont elles aussi soumises au dcervelage de dictatures au long cours ? C'est sa propre identit que Sihem a dsormais reconstruire |